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Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/68

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que tant de bonnes âmes doivent à la croyance au surnaturel. Or vous n’en demandez pas davantage. Autour de ce qui peut être dès maintenant objet de connaissance, vous nous laissez amplement de quoi rêver et nous émouvoir.

Votre positivisme est d’une scrupuleuse loyauté. Il respecte ce qu’on peut appeler les réalités morales.— Il les reconnaît irréductibles. Pour vous, « le sentiment du beau, celui du vrai, celui du bien, sont des faits révélés par l’étude de la nature humaine. Vous écrivez dans votre lettre à Renan : « Derrière le beau, le vrai, le bien, l’humanité a toujours senti, sans la connaître, qu’il existe une réalité souveraine dans laquelle réside l’idéal, c’est-à-dire Dieu, le centre de l’unité mystérieuse et inaccessible vers laquelle converge l’ordre universel. Le sentiment seul peut nous y conduire ; ses aspirations sont légitimes pourvu qu’il ne sorte pas de son domaine avec la prétention de se traduire par des énoncés dogmatiques et a priori dans la région des faits positifs. » Et encore : « La notion du devoir, c’est-à-dire la règle de la vie pratique, est un fait primitif, en dehors et au-dessus de toute discussion… Il en est de même de la liberté, sans laquelle le devoir ne serait qu’un