Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

provoque la réaction ; il faut surtout éviter de froisser ces âmes délicates et pures, qui ont identifié leur être moral avec la vieille organisation théocratique, aussi bien que ces esprits honnêtes, prompts au vertige et hostiles aux brusques changements. » Voilà, Monsieur, des paroles à la fois vraiment politiques et vraiment humaines, et qu’il n’est peut-être pas hors de propos de rappeler aujourd’hui.

Enfin, monsieur, vous avez la fierté de la science : vous n’en avez pas l’ivresse. Parce que vous êtes parfaitement sincère et lucide, votre optimisme lui-même a sa mélancolie. Sans doute vous avez écrit avec une intrépide confiance : « En s’attachant aux grandes périodes, on voit clairement que le rôle de l’erreur et de la méchanceté décroît, à proportion que l’on s’avance dans l’histoire du monde. Les sociétés deviennent plus policées, et j’oserai dire de plus en plus vertueuses. La somme du bien va toujours en augmentant, et la somme du mal en diminuant, à mesure que la somme de vérité augmente et que l’ignorance diminue dans l’humanité. C’est ainsi que la notion du progrès s’est dégagée comme un résultat a posteriori des études historiques. » Mais, à côté de cela, je sais des pages de vous qui sont, sans le vouloir peut-être, d’une