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Cette dernière modérait l’allure de son cheval et semblait ne pas tenir à passer la voiture du comte ni à s’en rapprocher de trop près.

Le cocher, d’après les ordres du comte, arrêta à la première hôtellerie de Ste-Rose et fit boire ses chevaux.

Le dog-cart continua sa route un peu plus loin et s’arrêta près du pont.

La personne qui était dans cette petite voiture portait un feutre aux larges bords rabattus sur ses yeux. Sa bouche et son menton disparaissaient sous une barbe épaisse et rousse.

En passant près de l’hôtellerie où était entré le comte, l’inconnu ne tourna pas la tête et il continua sa route comme un voyageur qui connaissait parfaitement le district.

Le comte paraissait très intrigué par l’arrivée de cet étrange personnage.

Il s’était placé dans l’embrasure d’une fenêtre, et avait écarté discrètement un coin des rideaux en tapisserie qui masquaient le châssis.

Il n’avait jamais rencontré auparavant l’homme qui était dans le dog-cart et ses traits lui étaient complètement inconnus.

Il se mordit pourtant la lèvre inférieure et frappa avec le manche de son fouet la tige d’une de ses bottes à l’écuyère.

Si c’était un limier lancé sur sa piste par M. Caraquette.

Le comte fit résonner un timbre sur une table au milieu de l’appartement.

Le commis de bar parut et le comte lui demanda des rafraîchissements.

La comtesse prit un verre de vin chaud et Ursule se contenta d’un peu de gin. Le comte prit un verre de citron avec un peu de siphonnette et paya la consommation.

En partant il demanda au propriétaire de l’hôtel s’il avait vu passer l’homme dans le dog-cart.

L’hôtelier dit que l’individu devait être un étranger dans ces parages, car c’était la première fois qu’il le voyait.

Le comte, la comtesse et Ursule avec l’enfant remontèrent dans la voiture dont les chevaux reprirent un train de quatre lieues à l’heure.

Il était alors minuit moins quatre minutes.

En passant sur le pont de Ste-Rose, l’allure des chevaux fut tempérée. Les glaces de la voiture avaient été baissées et la brise du soir venant de la rivière rafraîchissait sensiblement l’intérieur du véhicule.

Tout à coup, pendant que la lune était voilée par un nuage qui passait, les personnes qui étaient dans la voiture entendirent un bruit étran-