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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

blé, comme l’homme produit l’homme », répètent sans cesse les adeptes. Ces idées, qui ont été en vigueur parmi les alchimistes durant le moyen âge, existent déjà chez nos auteurs grecs. On voit comment elles tirent leur origine de l’Égypte et de Babylone.

Le vague des espérances illimitées qu’excitaient les études alchimiques ne s’étendait pas seulement à l’art de faire de l’or, mais aussi à l’art de guérir les maladies. Ce dernier art est invoqué par Ostanès le philosophe, l’un des plus vieux pseudonymes, appelé aussi le mage, c’est-à-dire le Chaldéen, et dont le nom est cité par Pline. Or, dans le livre alchimique qui porte son nom, l’eau divine guérit toutes les maladies. De là la conception de la panacée, de l’élixir de longue vie, du remède universel chez les Arabes, héritiers de la culture chaldéenne et persane.

La tradition alchimique s’étend au delà de l’Égypte et de la Chaldée. De tout temps les connaissances pratiques, dans l’ordre des sciences réelles, comme dans l’ordre des sciences occultes, se sont propagées au loin dans le monde avec une singulière rapidité, et nous en reconnaissons souvent, non sans surprise, la trace dans les monuments contemporains des diverses civilisations. C’est ainsi que l’alchimie apparaît en Chine, au iiie siècle, à l’époque même où elle florissait en Égypte et chez les Alexandrins. Voici les renseignements que le savant M. d’Hervey de Saint Denis, professeur au Collège de France, a bien voulu me fournir à cet égard. On trouve dans la grande encyclopédie Peï-ouen-yun-fou, qui jouit en Chine d’une réelle autorité, cette mention très nette : « Le premier qui purifia