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le colosse de rhodes

et s’imposer à l’admiration de la foule.

Ils avaient traversé la salle et s’étaient assis dans un angle où des sièges à dossier incrusté de nacre alternaient avec de grands vases de pierre dure qui portaient des inscriptions phéniciennes. Le moment était venu pour Namourah de confier au pontife l’objet de sa visite. Elle se recueillit un instant, abaissa ses paupières sur ses yeux et les releva brusquement :

— Tu t’étonnes sans doute de me voir en face de toi, et tu te demandes ce qui m’amène ? « Pour que l’épouse d’Isanor, te dis-tu, pour que cette fille de Judée soit venue dans ce sanctuaire païen, il faut qu’il y ait un motif grave. » — Très grave, en effet, ô Stasippe ! Es-tu disposé à m’entendre ?

Le pontife fit un signe d’acquiescement, et elle reprit plus bas :

— Tu dois connaître la faiblesse des femmes ; toutes, nous portons dans notre cœur un démon irascible, jaloux et cruel, qui nous incite à la tentation. Ce démon fut cause de la chute d’Évah, notre mère, dans les jardins de délices. Mais tu ne crois pas à ces choses, Stasippe ?