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les vierges de syracuse

sur tes genoux, et, si tu sais être aimable, il t’enverra peut-être, comme à la belle Galatéia, un ours blanc ou un renard au poil bleu. »

Il fit une ruade et, ayant aperçu Dorcas, il lui envoya un sourire dans un haussement d’épaules, comme pour le prendre à témoin qu’il ne croyait plus à ces enfantillages. Mais Dorcas ne répondit pas : cela lui déplaisait de voir le futur héritier de la couronne donner tant de signes de cynisme et de corruption ; il savait de lui des tares secrètes que le vieux roi lui confiait quand ils étaient seuls ; que deviendrait Syracuse, plus tard, entre des mains qui déjà ne connaissaient plus la pudeur ? Et quel beau champ de bataille serait laissé aux appétits cruels de ses ennemis !… Dorcas songeait à cela en face du panorama somptueux de la ville et de la mer : tant de richesses et tant de beauté, tant de luxe et tant de génie rassemblés à cette pointe extrême de la Sicile, si bien que nulle autre, parmi les filles du divin Hellen, fût-ce Athènes, Argos ou Corinthe, ne pouvait montrer sous la clarté du soleil un visage aussi splendide ! Syracuse, la plus grande des cités grecques et la plus belle de toutes les villes, que semblait enlever jusqu’aux nues le Pégase étincelant…

Dorcas fut arraché à ces pensées par l’arrivée d’Hiéron qui ramenait par le bras le grand Archimède. Et jamais triomphateur traînant un