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les vierges de syracuse

héros à son char n’eut sur le front plus d’orgueil que le « bon tyran » flanqué de son glorieux cousin.

— Le voilà, criait-il, — et sa voix sonore faisait tressaillir les piliers de la terrasse, — le voilà celui à qui rien n’est étranger sur la terre ni dans les étoiles. Les flots de la mer lui obéiront, comme à Zeus tempétueux obéissent les vents dociles.

Mais Archimède, le regard soucieux, traçait dans l’air, du bout de son doigt tendu, des paraboles invisibles.

Quand il se fut arrêté et que Dorcas, respectueusement, lui eut expliqué quel conseil on attendait de sa sagesse, Archimède se retourna vers Hiéron :

— Quoi donc, mon cousin ? c’est pour une chose aussi simple que vous êtes venu m’arracher à la contemplation des plus graves problèmes ! L’eau est entrée, me dit-on, dans un des passages de l’hypogée ? Qu’on l’en chasse ! Avec un système combiné d’hélices et quelques bras d’hommes, j’ai fait dessécher en Égypte des milliers et des milliers de marais ; et je ne sache pas que le Nil furieux aux sept bouches soit plus facile à gouverner que la paisible mer de Sicile !

Il prit Dorcas à l’écart afin de compléter ses instructions. Et pendant qu’il parlait, tous les yeux, même ceux de la nourrice et de l’enfant, étaient