Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lants. Derrière la grotte s’étend un vaste plateau, d’où l’on domine les vallons d’alentour, et au-deça, des roches entassées, des abîmes dont l’œil n’ose sonder la profondeur, défendent l’entrée de cet asile. Deux larges crevasses formées sur les côtés en sont les seules avenues, et les sommets les plus élevés des Asturies semblent s’appuyer sur cette plaine. De nos jours encore, les fidèles accourent des rivages les plus éloignés pour visiter ce plateau de Covafiel, où combattirent les restes de la vieille Espagne, les fondateurs de la nouvelle patrie ! Une chapelle décorée de trophées d’armures antiques retentit des chants religieux des descendants des héros. » Cette vue a été ébauchée d’après nature. Le fragment suivant, tiré du IV" livre, caractérise la manière de l’auteur, c’est-à-dire accuse son défaut de propriété dans l’expression, en même temps que son défaut d’originalité dans la pensée. Il s’agit de décrire les enfers.

« Les enfers ne sont point placés sur les bords souterrains du Styx et de l’Achéron fabuleux. Leur entrée ne se trouve point dans les grottes infectes de l’Averne, ni dans le cratère de ces montagnes qui vomissent sur les campagnes tremblantes des fleuves de feux, des nuages de cendres et de fumée. Il sont par-delà tous ces astres que la nuit et un ciel sereins découvrent à nos regards, perdus dans un vide immense, ténébreux, privés de l’influence divine. C’est la place abandonnée par celui qui forma l’univers, c’est l’image subsistante