Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/32

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pour nous, pour tous, pour ses amis de Dijon, auxquels il ne pouvait plus se décider à écrire. »

C’est à ce moment d’inquiétude, dans cette fièvre de courses et de projets où il allait de la poésie au drame et au roman historique, que la politique le surprit. Dès les premiers mois du règne de LouisPhilippe, un journal d’opposition constitutionnelle très-avancé s’était fondé à Dijon, le Patriote de la Càte-d’Or (i). Bertrand, fils d’un ancien soldat de la République et de l’Empire, y accourut avec l’enthousiasme d’unpoè’te et l’élan d’un jeune homme de vingttrois ans, dont l’ardeur était depuis longtemps comprimée. Une lettre qu’il inséra dans le Patriote, en août i832, donnera l’idée de l’impétuosité de son patriotisme et de son style de polémiste. Elle contient d’ailleurs quelques renseignements biographiques qui, donnés par lui-même, seront lus avec intérêt. Il faut seulement se rendre compte, pour bien apprécier le but et le ton virulent de cette apologie, des circonstances où elle fut écrite. M. de Cormenin, le coryphée de l’opposition en ce temps-là, s’étant rendu à Dijon, le parti lui prépara une de ces ovations qui contrastaient alors si violemment avec les charivaris infligés aux députés ministériels. Louis Bertrand, de

(1) Le Patriote parut pour la première fois ÎI Dijon le 13 février 1831, ayant pour épigraphe la phrase sacramentelle : Un trône populaire entouré d’institutiont républicaines, qu’il supprima le 19 mars 1833. Il eut pour fondateurs MM. Ileriioux, Louis Bazile, Mauguin et Thiars. députés. Le dernier numéro est du 12 septemhre 1835. — La collection forme cinq volumes in-folio.