Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de lai rue sain-felebar, nabot et bossu, qui se carrait sur sa porte en riant de mon embarras.

— « Connaissez-vous M. Gaspard de la Nuit ?

— Que lui voulez-vous, à ce garçon-là ?

— Je veux lui rendre un livre qu’il m’a prêté.

— Un grimoire !

— Comment ! un grimoire !... Enseignez-moi, je vous prie, son domicile.

— Là-bas, où pend ce pied de biche.

— Mais cette maison... vous m’adressez à monsieur le curé.

— C’est que je viens de voir entrer chez lui la grande brune qui blanchit ses aubes et ses rabats.

— Qu’est-ce que cela signifie ?

— Cela signifie que M. Gaspard de la Nuit s’attife quelquefois en jeune et jolie fille pour tenter les dévots personnages, — témoin son aventure avec saint Antoine, mon patron.

— Faites-moi grâce de vos malignetés et dites-moi où est M. Gaspard de la Nuit.

— Il est en enfer, supposé qu’il ne soit pas ailleurs.

— Ah ! je m’avise enfin de comprendre ! Quoi ! Gaspard de la Nuit serait... ?

— Eh ! oui... le diable !

— Merci, mon brave !... Si Gaspard de la Nuit est en enfer, qu’il y rôtisse ! J’imprime son livre. »

LOUIS BERTRAND