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L’APPEL DU SOL

Soudain, un tressaillement parcourut son corps. Il se souleva sur les poignets, prêtant l’oreille. Là-bas, à gauche, il venait d’entendre l’appel du clairon. Cela semblait venir des sections du capitaine de Quéré. Mais non, le rythme des obus seulement, la fusillade, le crachement saccadé des mitrailleuses. Il avait été l’objet d’une hallucination.

Ah, cette fois, c’étaient bien les notes du clairon. Elles éclataient, lointaines encore, perçant le fracas de la bataille. Tous les hommes les avaient entendues. Ils les écoutaient, haletants. La musique cuivrée avait des ailes. C’était un ordre impérieux de victoire : l’air de la Marseillaise volait par les airs.

Ce fut un frisson qui courut par la troupe. Là-bas, les derniers accents du chant national s’éteignaient. Mais ils retentissaient, plus proches. Le sous-lieutenant Vaissette se levait, transporté. Il était ivre de gloire. La lumière du jour flamboyait. Derrière lui des notes résonnaient. Il se retourna. Sans un ordre, le clairon Marsanne, debout sous la mitraille, ruisselant de sueur, les joues gonflées, écarlate, faisant passer toute son âme dans le souffle de