Aller au contenu

Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
43
LA MORT D’UN SOLDAT

— C’est pas loin de nous, observa un homme.

Chacun, de nouveau, s’était terré. D’autres obus tombaient, soulevant d’immenses gerbes, que la lumière irisait.

— Ce sont les grandes eaux, cria Pluchard, un engagé volontaire, qui était Parisien.

Mais les montagnards ne comprenaient ni ne goûtaient sa plaisanterie.

Avant l’explosion, on entendait dans l’air un sifflement. L’obus passait au-dessus des têtes.

— Mais ce sont les nôtres, hurla tout à coup Serre.

Ce fut une détente. Tout le monde parlait à la fois. Bientôt le tir fut réglé. Les obus tombèrent dans les champs. D’autres atteignirent une ferme dont les murs volèrent en éclats. Serre put voir la fuite éperdue de la compagnie qui l’occupait, l’affolement des hommes décimés, l’éclatement de la mitraille dans leurs rangs, des membres déchiquetés, des casques et des fusils volant en l’air. Il riait silencieusement.

— Et l’on vient de découvrir, dit-il à son sergent, des obus qui portent à vingt kilomètres. Nos artilleurs en auront bientôt.