Page:Bertrand - La Femme qui était retournée en Afrique, 1920.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

semble : c’est une vie sainte & délicieuse. Et ainsi ils s’imaginent que je ne regrette rien, que je ne pense à rien. Mais, dans le secret de mon cœur, ton souvenir me ronge & je me consume de chagrin. C’est pourquoi tu me vois si vieille, si flétrie de visage… Mais je vais t’emmener dans notre maison, fils bien-aimé ! Je demanderai la permission à la pieuse dame Faustina, notre mère. Il y a là une infirmerie, un hôpital. Je te soignerai, je ne te quitterai plus, tu seras à moi pour toujours !…

Et elle se suspendait à son cou, le pressait contre sa poitrine, & son visage devenait radieux, ses yeux pleuraient d’orgueil comme si, d’avoir donné le jour à ce faible enfant, c’était une gloire, une auréole visible qui l’environnait. Et lui, sevré de caresses