Page:Bertrand - Sanguis martyrum, 1918.djvu/266

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damnation du diacre Jacques. Ses noms et qualités sitôt entendus, les assesseurs avaient prononcé contre lui la peine de mort, à laquelle il fallait bien surseoir, les prisons regorgeant d’une foule d’autres condamnés, sans parler des prévenus. C’est pourquoi il fut conduit au cachot où il attendrait que des mesures eussent été prises pour son exécution.

Dans le moment que Cécilius pénétrait au prétoire, les gardes y introduisaient Marien. Ils le firent monter sur une petite estrade en bois, de façon qu’on pût le voir de tous les points de la basilique. Pendant ce temps, les esclaves de Roccius Félix installaient sur un piédestal, devant les juges, l’idole somptueuse. Le préfet Rufus gourmandait les tortionnaires, rudoyait l’accusé. C’était un gros homme sanguin, aux yeux injectés de rouge, avec des bourrelets de graisse sous la nuque. Tourmenté par une goutte chronique, il était, ce jour-là particulièrement, de fort méchante humeur.

« Allons ! qu’on se hâte ! » cria-t-il aux valets du bourreau.

Et, apostrophant Marien, qui se tenait en face de lui sur l’estrade :

« Quant à toi, tu persistes à nier que tu es prêtre ? »

Sur un faux rapport du centurion primipilaire qui avait arrêté Marien, le préfet s’entêtait à lui faire avouer qu’il était diacre comme Jacques. Suivant les intentions du rescrit impérial, les magistrats s’acharnaient, en effet, tout spécialement contre les prêtres, comme plus dangereux que le commun des fidèles. Marien qui, en réalité, n’était que lecteur, répondit avec assurance :

« Pourquoi usurperais-je une qualité qui ne m’appartient pas ! J’ai dit que je suis lecteur. Je le répète encore, car telle est la vérité !

– Prends garde à toi ! gronda Rufus d’une voix tonnante. Si tu t’obstines, celui-ci saura bien te mettre à la raison. »

Il désignait le bourreau qui, les bras croisés, se tenait