Page:Bertrand - Sanguis martyrum, 1918.djvu/44

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Cyprien, indisposé par cet incident qui attirait l’attention sur lui et son escorte, reprit la route dans un état d’esprit assez sombre. Malgré la lettre rassurante de Cécilius, il pressentait aussi toutes les amertumes de ce voyage, les luttes de toute sorte qu’il lui faudrait soutenir, et, ce qu’il y avait de pire, des luttes contre un ami. Autour de lui, l’aube terne et pâle enveloppait d’une clarté frigide d’immenses ondulations sans caractère, des montagnes dénudées, aux flancs d’un vert cru et aux sommets pelés et grisâtres. Des nuages couraient dans le ciel balayé. Un vent glacé soufflait, qui courbait jusqu’au sol les tiges roides et sèches des asphodèles.