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à Nyons (Suisse), en 1857 ; professeur à la Faculté de Genève. Après avoir donné quelques gages à la vérité, il a fini dans le désespoir total. Il est mort en 1910.

D’abord fervent disciple de Zola, il appliqua, dans ses premiers romans, la formule naturaliste : Palmyre Veulard ; Tatiana Leilaff ; Côte à Côte (pages libres, satire du catholicisme et du protestantisme) ; etc…

En 1905, il abandonna la manière de cette école, et fit ce qu’il appelle de l’intuitivisme : La course à la mort ; Le sens de la vie ; Les Trois cœurs ; Névrosée, qui appartiennent à cette série, tendant à montrer que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Ils sont pessimistes et tristes : c’est du Schopenhauer en action, dit un critique.

Tous ses autres livres dégagent plus ou moins le même relent ; ils laissent cette impression que le devoir, même héroïquement accompli, ne rend pas heureux ; par exemple Le silence. Ils font conclure qu’il est souvent dangereux d’être honnête, et ils assignent le suicide comme dernier refuge (c’est le titre d’un roman dont les deux héros se tuent), comme seule issue d’une vie triste et inutile. Même Mlle Annette, qui est un roman honnête, tend à prouver que le sacrifice est vain et qu’il doit trouver en lui-même sa récompense, s’il veut en avoir une. L’ombre descend sur la montagne est l’histoire chaste d’un adultère ; la thèse est morale, mais elle devient immorale par la conclusion qui s’en dégage.

Les intentions de l’auteur peuvent être bonnes : Le sacrifice est même un livre noble et réconfortant ; au fond, il a, ainsi qu’il s’exprime lui-même, l’âme d’un croyant tombé dans le scepticisme. Il a même paru à une certaine époque se rapprocher du catholicisme, et ses romans sont souvent l’apologie de la bonne conduite : s’il étale le vice, c’est pour nous en faire rougir, ou nous en éloigner. Autre exemple : L’incendie est très peu moral dans le sujet ; mais il prêche la