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Page:Bever-Léautaud - Poètes d’aujourd’hui, I, 1918.djvu/46

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Toujours comme un rébus, je travaille à surprendre
Un mot de travers… — Non. — On m’a donc oublié I

— Ou Lien — autre guitare — un officieux être
Dont la lippe me fait le mouvement du pâtre.
Croit me parler… Et moi je lire, en me rongeant.
Un sourire idiot — d’un air intelligent !

Bonnet de laine grise enfoncé sur mon âme !
Eh — coup de pied de l’âne… Hue ! — Une bonne femme
Vieille Limonadière, aussi de la Passion !
Peut venir saliver sa sainte compassion
Dans ma trompe d’Eustache, à pleins cris, à plein cor,
Sans que je puisse au moins lui marcher sur un cor !

— Bête comme une vierge et fier comme un lépreux,
Je suis là, mais absent… On dit : Est-ce un gâteux,
Poêle muselé, hérisson à rebours ?
Un haussement d’épaule, et ça veut dire : un sourd.

— Hystérique tourment d’un Tantale acoustique !
Je vois voler des mots que je ne puis happer ;
Gobe-mouche impuissant, mangé par un moustique,
Tête de turc gratis où chacun peu taper.

O musique céleste : entendre, sur du plâtre,
Gratter un coquillage ! un rasoir, un couteau
Grinçant dans un bouchon… Un couplet de théâtre !
Un os vivant qu’on scie ! un monsieur ! un rondeau !…

— Rien. — Je parle sous moi… des mots qu’à l’air je jette
De chic et sans savoir si je parle en indou…
Ou peut-être en canard, comme la clarinette
D’un aveugle bouché qui se trompe de trou.

— Va donc, balancier soûl, affolé dans ma tête !
Bats en branle ce bon tam-tam, chaudron félé
Qui rend la voix de femme ainsi qu’une sonnette,
Qu’un coucou !… quelquefois : un moucheron ailé…