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 Quant aux petits oiseaux, j’en fais bien peu de cas ;
Les tuer sans raison, la chose ne va pas :
Ayant, de tous côtés, des ennemis à craindre,
Déjà, par leur faiblesse, ils sont assez à plaindre :
Je les trouve d’ailleurs et gentils et mignons ;
Pour tout dire, en un mot, nous les épargnerons.
Mais si la grue à tort voulait entrer en guerre,
Son cou long de deux pieds ne lui servirait guère :
Ses ailes, son grand bec ne la sauveraient pas ;
Un seul coup suffirait pour la jeter à bas ;
Elle verrait alors qu’elle était mal armée ;
Qu’il ne s’agissait pas de combattre un pygmée.
De même le hibou, pour sa grande laideur,
Et parce qu’il n’est bon qu’à donner de la peur,
Recevrait, à coup sûr, au milieu de sa fale,
Ou bien sur sa caboche, une funeste balle :
Le butor, pour son cri propre à nous effrayer,
De la belle façon se verrait foudroyer
La triste poule-d’eau, qui prédit à la terre
L’orage, écraserait sous un coup de tonnerre ;
Et ce lugubre oiseau, qu’on n’entend que de nuit,
Si je l’apercevais, serait bientôt détruit.
Enfin, tout oiseau sale et de mauvais augure
Se verrait, sur-le-champ, déchirer la figure.
 En voilà bien assez, il est temps de finir ;
Ce discours, à la fin, pourrait bien t’endormir.
J’oubliais cependant un être détestable,
Qu’avec grande raison l’on nomme enfant du diable ;