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Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/9

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Ce sont des malfaiteurs, des ennemis cruels,
Des êtres abhorrés du reste des mortels :
Le meurtre, le carnage est leur plus grande joie ;
Tout être, s’il est faible, est sûr d’être leur proie,
D’en être dévoré. Le gentil écureuil,
Dans mon sac, en tombant, trouvera son cercueil.
Eh ! pourquoi ? dira-t-on ; il n’est point homicide,
Et vouloir le tuer, c’est être bien perfide.
Non, mais il est voleur, il viole les lois ;
Pour se remplir le ventre, il dérobe nos noix :
Comme tel, il mérite, à mon gré, la torture ;
Nous le ferons passer par une mort moins dure ;
Il aurait expiré sur un honteux gibet ;
Nous l’en délivrerons d’un seul coup de mousquet.
Il pourrait bien se faire, ô tendre bécassine,
Que malgré soi l’on vint enrichir la cuisine.
 Mais ce sera bien pis, dans la chaude saison,
Quand nous verrons venir les tourtes à foison,
En tourbillons épais passer par la campagne,
Et, lasses de voler, gagner notre montagne ;
Dans les marais bourbeux de la Pointe à Ménard,
Comme en un pays sûr séjourner le canard ;
La bécasse roder autour de nos fontaines,
Le lièvre aux pieds légers gambader dans nos plaines ;
Les timides perdrix errer sur nos côteaux,
Les pluviers abonder auprès de nos ruisseaux ;
L’alouette, en un mot, la sarcelle étrangère,
Nous attendre à la file eu bord de la rivière.