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Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/25

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 « Devient patient : à tout on s’accoutume.
« Ma fille a la migraine, ou bien elle a le rhume, »
Disait la mère ; « hélas ! son mal est radical ;
« De l’épouser, monsieur, vous vous trouveriez mal :
« D’ailleurs, elle devient, de jour en jour, moins belle ;
« Je suis, à dire vrai, beaucoup plus jeune qu’elle :
« Plût à Dieu qu’elle fût, de tout point, aussi bien ;
« Car jamais, dieu-merci, je ne me plains de rien. »
Elle dit tant, fit tant, qu’à la fin, le compère,
Laissa la fille en paix, pour épouser la mère.
Mais le fait dont je parle est passé dès longtemps,
Citons, plutôt, citons des exemples vivants.
 Rarement la beauté fut exempte d’envie :
Les Grâces ont formé tous les traits de Sylvie :
J’admire, en la voyant, son front noble et serein ;
De roses et de lis se compose son tein :
Elle a le nez, les yeux, et la bouche charmante,
Le port majestueux et la taille élégante ;
Elle rit, elle chante, elle parle, elle écrit,
Avec grâce, dit tout, fait tout avec esprit :
À la voir, qui pourrait croire qu’on en médise ?
Écoutez, cependant, comment en parle Élise :
« Sylvie est belle, mais, on pourrait l’égaler ;
« Et, sur son compte, je… je n’en veux pas parler ;
« Si je vous le disais, vous en seriez surprise.
« — Est-il vrai ? qu’est-ce donc ? que dites-vous, Élise ?
« Vous vous trompez, ma chère. — Oh ! non, je le sais bien ;
« Je suis sûre du fait ; mais je n’en dirai rien. »