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L’on peut trouver à dire à chose de la sorte,
Alors qu’on y met plus que son état ne porte ;
Mais blâmer de l’habit la forme ou la couleur,
C’est être, à mon avis, ridicule censeur,
Se mêler un peu trop des affaires des autres.
Ce travers est pourtant commun parmi les nôtres.
J’ai vu (l’on peut tenir le récit pour certain,)
Un jeune homme, depuis quelques mois citadin,
Craignant d’être hué dans son rustique asile,
Laisser, pour s’y montrer, l’habillement de ville,
C’est-à-dire quitter l’habit pour le capot[1],
 Le fait suivant est vrai, bien qu’il soit un peu sot ;
Je le tiens d’un témoin que je sais véridique :
Un jour, un citadin d’origine rustique,
Fut prié d’un souper que devait suivre un bal :
C’était, s’il m’en souvient, un repas nuptial.
Le convive oublia de changer de costume :
(De ses nouveaux voisins il suivait la coutume :)
On le voit arriver, on ne dit rien d’abord ;
Dès le commencement, on est assez d’accord ;
Mais lorsque l’eau-de-vie est montée à la tête,
C’est alors qu’on se met à jouer à la bête.
De tomber sur notre hôte on cherche l’à-propos ;
On le trouve, car l’hôte est fertile en bons-mots.

  1. Dans les vers précédents, le mot habit est pris pour l’habillement en général ; ici, c’est pour une espèce particulière de vêtement. Tout le monde sait la différence qu’il y a, quant à la forme, entre l’habit et le capot ; et que le dernier est particulier aux habitans de nos campagnes.