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Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/39

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Privé d’un tel secours, ce qu’on apprit, enfant,
On l’oublie et le perd, souvent, en vieillissant ;
Surtout, quand, à cet âge, étudiant par force,
On n’a pu du savoir attraper que l’écorce.
Quand se réveilleront tous nos esprits cagnards ?
Quand étudierons-nous la nature et les arts ?
La paresse nous fait mal parler notre langue :
Combien peu, débitant la plus courte harangue,
Savent garder et l’ordre, et le vrai sens des mots ;
Commencer et finir chaque phrase à propos ?
Très souvent, au milieu d’une phrase française,
Nous plaçons, sans façon, une tournure anglaise :
Presentment, indictment, impeachment, foreman,
Sheriff, writ, verdict, bill, roast-beef, warrant, watchman.
Nous écorchons l’oreille, avec ces mots barbares,
Et rendons nos discours un peu plus que bizarres.
C’est trop souvent le cas, à la chambre, au barreau.
Mais, voulez-vous entendre un langage nouveau ?
Un langage ! que dis-je ? un jargon pitoyable,
Un patois ridicule autant que détestable,
Déshonneur de Québec et du nom québécois,
Lisez certain journal, nommé le Vieux-gaulois.
Là, de mainte chimère, en style amphigourique,
Un esprit de travers sottement alambique ;
Semble moins s’adresser, dans ses grossiers propos,
À des Français polis, qu’à de lourds Visigoths.