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Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/49

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Comme on dit en famille, en conversation,
Prodigue du tour neuf et de l’inversion,
L’un et l’autre proscrits par la rustre ignorance,
Par elle regardés comme une extravagance.
Oui, l’ignorance, ici, doit restreindre un rimeur,
Ou, s’il est obstiné, doit lui porter malheur :
Pour l’ignorant lecteur, obscur, impénétrable,
Il est qualifié d’insensé, d’exécrable ;
On vous l’envoie au diable, à la maison des fous.
Particularisons : où trouver, parmi nous,
Qui ne confonde point le granit et le marbre ;
Qui sache distinguer, sur la plante, ou sur l’arbre
Style, pétale, anthère, étamine, pistil ;
Qui du même œil ne voie émeraude et béryl ;
Qui de l’ordre toscan distingue l’ionique,
Le convexe du plan, le carré du cubique ;
Qui ne confonde point la bise et le zéphir,
Le pôle et l’équateur, la zone et le nadir ;
Qui n’ignore comment se soutient notre terre ;
Pour qui le moindre effet ne soit un grand mystère,[1]
Pourtant, je ne veux point, d’un style exagéré,
Dire, avec un auteur, que tout est empiré ;
Que les premiers colons, nos ancêtres, nos pères,
Furent, bien plus que nous, entourés de lumières ;

  1. Ces exagérations ne sont que pour faire entendre combien il y en a peu parmi nous qui aient du goût pour l’étude de l’Histoire naturelle, de la Géographie, de l’Architecture, de la Géométrie, de la Physique, de l’Astronomie, &c.