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Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/50

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Qu’ils apprenaient bien mieux le latin et le grec,
Que les arts florissaient beaucoup plus dans Québec,
Suivant moi, ce langage est loin d’être orthodoxe ;
Et, pour mettre à néant ce hardi paradoxe,
Il n’est aucun besoin d’un long raisonnement ;
Un regard en arrière, un coup d’œil le dément.
Il suffit de savoir que, sous notre ancien maître,
Louis, nul imprimeur ici n’osa paraître ;
Qu’on n’y faisait, vendait ni livre, ni journal :
Voyez, à ce sujet, quelques mots de Raynal ;[1]
L’exagération à part, on l’en peut croire.
Avant lui, Charlevoix[2] offre, dans son histoire.
D’une ignorance étrange un exemple frappant :
Un mal épidémique, inconnu, se répand,
Met aux derniers abois tous les colons qu’il frappe :
Ainsi qu’en pareils cas, aux enfans d’Esculape[3]
On recourt ; mais voyant tous leurs soins superflus,
Ils déclarent, tout net, qu’ils ne soigneront plus ;
Proclament que le mal provient de maléfice ;
Accusent des sorciers l’envie et la malice,
Et, sans les secourir, laissent mourir les gens.
Vit-on des médecins, ailleurs, plus ignorans ?
Non, certes ! mais, sans faire aucun pas rétrograde,
Quelque part,[4] (l) on a vu maint ignorant malade,

  1. Auteur de l’Histoire Philosophique et Politique du Commerce et des Élablissemens des Européens dans les deux Indes.
  2. Auteur de l’Histoire générale de la Nouvelle France, et de plusieurs autres ouvrages.
  3. Fils d’Appolon, et dieu de la médecine, suivant la mythologie.
  4. Particulièrement au Méxique.