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ÉPÎTRE II.

DECIPIMUR SPECIE RECTI.


 Tu veux, cher L… s… g…, que je dise pourquoi
L’on voit, chez les humains, si peu de bonne-foi,
D’accord, de vérité, de candeur, de droiture…
C’est qu’ils s’écartent trop de la simple nature ;
C’est qu’ils sont gouvernés par la présomption,
L’absurde préjugé, l’aveugle passion ;
C’est que, la grande part, malgré leur défiance,
Pensent, jugent d’après la trompeuse apparence.
L’erreur est le revers de la réalité,
Et ce revers, au fond, est une absurdité.
Excusons, néanmoins, l’erreur involontaire :
Elle est souvent le fruit d’un esprit débonnaire ;
Mais volontaire ou non, de l’erreur sont venus
Les étranges travers en ce monde connus.
Presque toujours, l’erreur provient de l’apparence :
D’où, l’établissement d’une absurde croyance,
Lorsque l’homme sur elle assied ses jugemens,
Et ne corrige point les erreurs de ses sens.
Quelles absurdités astronomo-physiques
Ne rencontre-t-on pas dans les fastes antiques ?
Reportons nos regards à quelques milliers d’ans,
Et voyons le savoir des hommes de ces temps.
La terre est un plateau, le ciel une culotte,
L’étoile un clou d’argent, légère papillote,