Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/69

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À la vieillesse, au temps sujette à succomber,
Et que l’homme, à ses pieds, très souvent, voit tomber
Du ciel, en peu d’instans, si courte est la distance !
Et, de fait, si petite en est la conséquence !
Ce n’est pas le soleil qui fait naître le jour ;
Mais, parce qu’il fait clair, le soleil fait son tour :
L’océan touche au ciel, et le soleil, dans l’onde,
Va se reposer, las d’avoir lui sur le monde.
On le voit au matin ; mais par où revient-il ?
C’est un mystère dont nul n’a tenu le fil ;
Ou qu’on explique, ainsi que ce savant moderne,
Qui veut qu’il soit, de nuit, une obscure lanterne,
Revenant sur ses pas, et rebroussant chemin,
Pour reparaître au jour qu’amène le matin.
La nuit est chose dont la plénitude embrasse
L’immensité du monde, et remplit tout l’espace.
Toutefois, ce penser, amené par le soir,
Doit devenir douteux, quand il ne fait plus noir.
Dans ce grossier système, il n’est point de planètes ;
Jamais on n’y pâlit, à l’aspect des comètes.
Mais, la terre, sur quoi la fait-on reposer ?
Sur l’eau ; pour s’en convaincre, il suffit de creuser.
Soit : mais enfin, cette eau, sur quoi repose-t-elle ?
C’est ce dont aucun n’a de certaine nouvelle.
Selon d’autres penseurs, le monde est un bocal,
Et la terre remplit la moitié du cristal.
Alors, on voit pourquoi ne tombe point la terre :
Mais qu’est-il au-delà de ce monde de verre ?…