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De l’immense univers, tandis qu’un point repose,
Et voit autour de soi circuler toute chose ;
L’étrange cahos fait pour l’amour de ce point ;
De lui soumettre tout, le plus qu’étrange soin ?
Ridicule produit de l’humaine sagesse.
De là, l’absurdité des fables de la Grèce ;
Ses hommes de cent pieds escaladant les cieux,
Et des fils de mortels faisant la guerre aux dieux ;
L’univers tout entier, formant un triple monde,
Se composant du ciel, de la terre et de l’onde ;
L’infiniment petit et l’infiniment grand,
En opposition, se contrebalançant :
Petit et grand, dans leur position réelle ;
Mais presque égaux entr’eux dans l’humaine cervelle.
Mais on fait des progrès : au lieu d’un firmament
Où se trouve attaché chaque point éclatant,
Qu’en langage commun, nous appelons étoile,
Et d’où la pluie, ainsi qu’à travers une toile,
Nous vient, l’on a sept cieux l’un sur l’autre posés ;
Et ces cieux, il faut bien les croire composés
De certains élémens de matière solide ;
Et tous ces cieux nouveaux circulent dans le vide,
Cent milliards de fois plus vites que le plomb
Que la poudre enflammée a chassé du canon.[1]

  1. Dans la réalité, si le mouvement dont il est ici parlé avait effectivement eu lieu ; mais non dans la pensée des hommes de ces temps là, qui n’avaient aucune idée de l’immense éloignement des étoiles fixes.