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Suivant le bruit commun, tous ces cieux sont de verre :
Leur tournoiement se fait autour de notre terre,
Comme de juste droit, et quoique se touchant,
Nul accident fâcheux ne suit du frottement !
Différemment placée en notre rend couvercle,
Chaque étoile, par nuit, décrit un demi-cercle,
Petit ou grand, selon sa situation.
Dans cette humaine[1] loi de circulation,
Tandis qu’un astre avance et qu’un autre retarde,
Notre étoile polaire, en repos, les regarde
Aller, l’un à pas d’oie, et l’autre, de géant :
Tant la tâche leur est faite inégalement.
C’est assez ; laissons-là cette étrange physique ;
Voyons, chez les humains, les mœurs, la politique ;
Remontons à mille ans, pour voir, en premier lieu,
Ces étranges erreurs, ces Jugemens de Dieu,
Où l’homme écervelé, par un nouvel oracle,
Commande, en maître, au Ciel d’opérer un miracle.
De ses crimes alors on crut se nettoyer
Par l’or que l’on pouvait à l’église payer.
Plus tard, on crut pouvoir régir les consciences,
À plaisir, et, de droit, commander les croyances,
Comme choses de choix : d’où l’Inquisition ;
Les jugemens de mort pour une opinion ;
La persécution, qui, pour sauver les âmes,
Met, par compassion, les corps en proie aux flammes ;

  1. Imaginée ou crue réelle par les hommes, « d’après la trompeuse apparence. »