Les auteurs condamnés au feu, pour leurs écrits ;
Les Vaudois massacrés, les Huguenots proscrits…
Pour ces faits, l’habitant de la Grande-Bretagne,
Assez inconséquent, blâme surtout l’Espagne :
L’Espagne fut en proie à l’Inquisition ;
Mais par le fait ancien des maîtres d’Albion,
L’Hibernie[1] est encore en proie à chose pire :
On ne finirait point, si l’on voulait redire
Quel affreux traitement ce pays a souffert,
Comme il est devenu pour son peuple un enfer ;
Et comme les fureurs d’un esprit fanatique
Y viennent, constamment, troubler la politique.
Se nourrissant ailleurs de contradictions,
La politique, ici, consiste en factions,
Toujours, s’apostrophant d’un infernal langage,
Prêtes l’une sur l’autre à décharger leur rage ;
Et les brûlants fauteurs au Pape ou de Luther,
S’ils ne s’égorgent pas, se donnent à l’enfer.[2] (h)
Dans ce cahos moral, ce désordre civique,
Plaignons, surtout, plaignons le sort du catholique :
En butte à tous les maux, pour sa religion,
Il fait réaliser la fable du lion
Absous, quoique mangeur de brebis ; de bergère,
Et de l’âne meurtri, pour herbe potagère
Mangée en cheminant. Pour les délits commis,
L’orangiste est toujours jugé par ses amis,
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