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Par ses co-sectateurs : cependant qu’au contraire,
Le papiste a souvent pour juge un adversaire ;
Et, pour comble de mal, ce qu’on pardonne à l’un
Est, dans l’autre, taxé de crime outre-commun.
Pour le papiste sont double dîme, surtaxe,
Gêne, restriction. Les enfans de la Saxe[1]
De l’Irlande voulaient la dégradation ;
Tout ce qu’ils ont produit, c’est son oppression ;
D’un côté, des tyrans, de l’autre, des victimes ;
De l’une et l’autre part, des outrages, des crimes ;
Tant est grande partout l’exaspération.
Tel est le fruit amer de l’exaltation.
Sans dérouler encor les fastes de la Chine,
Des Indes, du Japon et de la Cochinchine,
En Europe, combien outrent la vérité,
Et se tiennent à l’une ou l’autre extrémité ?
L’intolérant bigot ne voit que spinosistes ;
Le despote ombrageux n’aperçoit qu’anarchistes ;
L’anarchiste partout n’aperçoit que tyrans ;
Et l’athée, à son tour, ne voit que flagellans ;
Si diverse, partout, se montre la folie.
Laissant à part le Nord, l’Espagne et l’Italie,
En France, maint auteur veut que, passivement,
À tout ordre donné l’on soit obéissant ;
Maintient que peuple libre est chose détestable,
Que constitution est doctrine damnable ;

  1. On sait que la plus grande partie des modernes habitans de l’Angleterre proprement dite descendent des anciens Saxons. Il s’agit ici des Anglais d’il y a deux ou trois siècles.