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suivit, entre le gouvernement de la métropole et celui de la colonie, c’est l’assassinat commis sur la personne de M. Thomas Walker, commerçant et magistrat de Mont-réal. Voici ce qui paraît avoir donné lieu à cet attentat, et les circonstances qui l’accompagnèrent.

En conséquence d’un ordre du général Murray, une partie des troupes étaient logées chez les habitans : le capitaine (ensuite le juge) Fraser, appellé ailleurs, ayant laissé le logis qu’il occupait, le capitaine Payne s’installa en sa place, bien que le propriétaire eût loué l’appartement à un citoyen. À une séance des juges de paix, où se trouvait M. Walker, ce propriétaire obtint un ordre de déguerpir au capitaine Payne, qui, sur son refus d’obéir, fut mis en prison. Il obtint, quelques jours après, du juge en chef, un ordre d’habeas corpus, ou de mise en liberté, sous cautionnement. Mais la résolution fut prise (par lui-même ou par ses amis,) de punir le magistrat qu’on croyait avoir eu le plus de part à l’ordre de déguerpir et à l’emprisonnement. Le 6 décembre (1764), à neuf heures du soir, un nombre d’individus masqués, ou barbouillés de noir, s’introduisirent chez M. Walker, l’assaillirent, le blessèrent, le mirent sans connaissance, et l’auraient probablement laissé mort, si l’alarme qui se répandait dans le voisinage ne leur eût fait juger à propos de prendre la fuite.

Quoique les habitans, tant des villes que des campagnes, eussent déjà éprouvé plusieurs insultes graves, de la part du militaire, ce nouvel attentat répandit la terreur et l’inquiétude dans toute la province, et particulièrement à Mont-réal. Le gouverneur offrit deux cents guinées à quiconque ferait connaître les coupables. Un nombre d’officiers et de citoyens, soupçonnés d’être les auteurs ou les complices de cet assassinat, furent emprisonnés. La demande qu’ils firent d’être élargis