Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/96

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diamétralement opposé. M. Hubert croit que le pays est trop peu avancé, trop peu peuplé et trop pauvre, « que le temps n’est pas arrivé », pour la fondation d’une université à Québec ; M. Bailly dit « qu’il est grandement temps qu’il soit établi une université en Canada et il conjure le comité du conseil, « par tout ce qu’il y a de plus sacré, de poursuivre avec diligence cette grande et honorable entreprise ». Ni l’une ni l’autre réponse ne nous paraît avoir été de nature à éclairer beaucoup le comité, encore moins à le déterminer sur le sujet de son enquête. On trouve pourtant dans la lettre de l’évêque de Québec, datée du 18 novembre 1789, un apperçu de l’état de l’éducation, ou de l’enseignement public d’alors, utile à reproduire, en substance, comme objet de comparaison. Le séminaire, ou collége de Québec, était la seule institution où l’on pût faire un cours d’études complet. Il n’y avait pas encore de classes de philosophie au collége de Mont-réal.[1] Les jésuites avaient discontinué, depuis 1776, leur école, « où l’on enseignait gratuitement à la jeunesse la lecture, l’écriture et l’arithmétique ».[2] Dans toutes les autres écoles, tant de garçons que de filles, on n’enseignait qu’à lire et à écrire.

Les réponses contradictoires des deux prélats ne pouvaient pas, comme nous venons de le remarquer, être fort utiles au comité d’éducation : il en vint pourtant à conclure :

  1. Fondé en 1773, par le zèle des Sulpiciens, et particulièrement de M. Curateau, et des fabriciens d’alors.
  2. Parce que « le gouvernement avait jugé à propos de loger les archives de la province dans le seul appartement (pièce ou chambre) de la maison, où les enfans pouvaient être admis ». M. Hubert était « d’avis qu’on prît sans délai des mesures pour assurer au peuple canadien le collége et les autres biens des jésuites, sous la direction de l’évêque de Québec » ; qu’une charte obtenue alors pour le rétablissement du collége des jésuites, pourrait être renouvellée ensuite pour l’établissement d’une université. »