Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/193

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Huot ayant proposé de le référer à un comité spécial, M. Bourdages, qui, loin de trouver comme autrefois, trop longues, ou trop fréquentes, les déclamations de « M. l’orateur », semblait y avoir pris un goût extrême, proposa qu’il fût discuté en comité général. Mais, après des débats diversifiés par la raison et le bon sens, d’un côté, la déraison et l’injure, de l’autre, il fût référé à un comité spécial, à une grande majorité[1].

« M. Bourdages, qui se faisait un mérite de parler sans cérémonie », voulait aussi agir sans gêne, et le 20, il proposa, en comité général, de rescinder la règle parlementaire qui exige la permission du gouverneur pour l’introduction des octrois d’argent, et cette fois, il eût le plaisir, non seulement de parler lui même « sans cérémonie », mais encore d’entendre « M. l’orateur » discourir de la manière qu’il trouvait toujours « admirable », mais que d’autres purent trouver triviale, rude, et arrogante, à un étonnant degré, et qui plus est d’atteindre son but.

  1. M. Bourdages : « C’est dans un comité général que ce message doit être discuté ; qu’on en doit voir toute l’erreur et l’inconséquence. »

    M. Gugy : « Nous demandons au gouverneur un octroi d’argent, et de son côté, il nous demande de tenir envers lui la parole que nous lui avons donnée. »

    M. Rodier : « Sa conduite est un manque de confiance en cette chambre… S’il en agit ainsi, c’est dans le but de combler la coupe d’outrages dont il a abreuvé cette chambre. La question est de savoir si nous renverrons à un comité spécial un message inusité, imparlementaire, irréfléchi contre le caractère de cette chambre… »

    M. Duval : « On se contente de faire des réflexions, des remarques sur la conduite du gouvernement, de vouloir toujours quereller et faire la guerre. N’est-ce pas le droit du gouverneur de nous répondre par message ?… Dira-t-on que le gouverneur, dans ce pays, ne doit être qu’une marionnette, lorsqu’il s’agit d’user des hautes et vénérables prérogatives royales, dont l’exercice n’a pas été donné à la couronne comme le pensent et le veulent faire croire certains politiques maladroits et malveillants, pour contrecarrer sans cesse les intérêts du peuple, mais pour assurer la conservation de ses droits et de sa liberté. »