Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/208

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Ours, premier capitaine, ouvrait la marche, avec soixante soldats sous les armes. Ensuite venaient seize guerriers hurons, marchant quatre à quatre, vêtus de longues robes de castor, le visage peint en noir, et le fusil sous le bras. Le clergé venait après, et six chefs de guerre portaient le cercueil, qui était couvert d’un poële semé de fleurs, sur lequel il y avait un chapeau avec un plumet, un hausse-col, et une épée. Les frères et les enfans du défunt étaient derrière, accompagnés de tous les chefs des nations, et M. de Vaudreuil, gouverneur de la ville, fermait la marche. À la fin du service, il y eut deux décharges de mousquets, et une troisième, après que le corps eut été mis en terre. Il fut enterré dans l’église paroissiale, et l’on mit sur sa tombe cette inscription : Çy-Gît le Rat, Chef Huron[1].

La mort de Kondiaronk, et celle de plusieurs autres Sauvages des plus considérables, qui arriva dans le même temps, engagèrent le gouverneur à presser la conclusion du traité. Il indiqua la dernière assemblée au 4 août. On choisit une grande plaine, hors de la ville ; on y fit une double enceinte de cent-vingt pieds de long, et de soixante-douze de large, l’entre-deux en ayant six. On ménagea, à l’un des bouts, une salle couverte, d’environ trente pieds, pour les dames et le beau monde

  1. Kondiaronk, toujours applaudi, lorsqu’il parlait en public, « ne brillait pas moins, dit Charlevoix, dans les conversations particulières, et on prenait souvent plaisir à l’agacer, pour entendre ses reparties, qui étaient toujours vives, pleines de sel et ordinairement sans réplique. Il était, en cela, le seul homme du Canada qui pût tenir tête au Comte de Frontenac, lequel l’invitait souvent à sa table, pour procurer cette satisfaction à ses officiers. »