Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/89

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« L’air eut aussi ses phénomènes : on y entendait un bourdonnement continuel ; on y voyait, ou l’on s’y figurait des spectres et des fantômes de feu, portant en main des flambeaux. Il y paraissait des flammes qui prenaient toutes sortes de formes, les unes de piques, les autres de lances, et des brandons allumés tombaient sur les toits sans y mettre le feu. De temps en temps, des voix plaintives augmentaient la terreur. On entendait des gémissemens qui n’avaient rien de semblable à ceux d’un animal connu.

« Les effets de ce tremblement de terre furent variés à l’infini. La première secousse dura une demi-heure, sans presque discontinuer. Il y en eut une seconde aussi violente que la première, et la nuit suivante, quelques personnes en comptèrent jusqu’à trente-deux. Au cap Tourmente et au-dessus de Québec, le fleuve se détourna : une partie de son lit demeura à sec, et ses bords les plus élevés s’affaissèrent, en quelques endroits, jusqu’au niveau de l’eau. »

Les secousses de tremblement de terre se succédèrent, par intervalles, depuis le commencement de janvier 1663 jusqu’au mois d’août de la même année. Mais ce qui fait voir combien l’imagination ajouta à la réalité, ou jusqu’à quel point les narrateurs se permirent l’exagération,[1] c’est que durant tout ce temps, il n’y eut personne de tué, ni même de blessé.

  1. Quelques écrivains modernes pensent que ces faits extraordinaires, relatés dans des mémoires qui ne devaient être rendus publics que longtemps après la date qui leur est donnée, et rapportés à l’époque des plus violents démêlés entre les autorités ecclésiastiques et civiles du Canada, n’étaient que des fraudes pieuses, crues permises alors par quelques uns, dans l’intérêt de l’église ; vu surtout que