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Page:Bibaud - Lionel Duvernoy, 1912.djvu/31

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reçu une lettre. Tenez je vous en envoie le contenu, elle est concise en ces termes.


« À Monsieur Gaston P…, Avocat,

Québec.
« Monsieur,

« Tout le jour m’a pesé, j’essayai vainement de tromper les heures en parcourant un roman de Victor Cherbulliez. Aimez-vous cet auteur ? son style vous plaît-il ? Si vous avez lu son ouvrage, Samuel Brohl et compagnie, vous qui vous intéressez si fort à la littérature, vous avez sourire à cette expression, lorsqu’il parle de Larinski et qu’il dit : Il avait une voix de baryton, étoffée, moelleuse et vibrante. Singulière définition, n’est-ce pas, très spirituelle, nouvelle, imprévue.

« Si vous aimez l’imprévu, monsieur P., vous serez satisfait aujourd’hui, car ma lettre est tout ce qui peut vous arriver de plus imprévu, vu que vous ne vous y attendiez nullement vous ne pouviez vous y attendre ; puis pour continuer la surprise, mon nom doit demeurer pour vous un mystère, je vous écris sous le voile du pseudonyme. Ne cherchez pas à découvrir qui je suis, c’est inutile, vous n’y parviendrez jamais. Contentez-vous de me penser joliment originale, cela doit vous convenir, il me semble les idées originales vous appartiennent assez. Donc, si nous sympathisons de ce côté, je puis espérer que vous me lirez