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nouissait pour faire place à une tristesse amère.

Je l’aimais, Louis, mais jamais un mot de ma part n’est venu lui apprendre ce que j’éprouvais pour elle. Ce furent ces tristes circonstances qui m’obligèrent à m’éloigner de nouveau. Je courus m’ensevelir dans mon vieux manoir de Bretagne, pour y cacher mon malheur et essayer d’oublier, lorsque vous vîntes m’y chercher. Dites maintenant n’avais-je pas raison de vous déclarer que je ne suis pas digne d’être aimé.

M. de Rouville tendit la main à son ami.

— Georges, lui dit-il, vous avez certainement de grands torts, mais vous avez beaucoup souffert. À tout péché miséricorde. Écoutez-moi, pourquoi ne retourneriez-vous pas vers celle qui porte votre nom ? Cette enfant que vous avez laissée sans grâces est peut-être aujourd’hui une femme charmante, qui malgré votre conduite indifférente vous attend encore.

Le marquis secoua la tête.

— Elle doit me détester, fit-il, n’ai-je pas empoisonné les premières années de sa jeunesse ? Oserai-je jamais me présenter devant elle après lui avoir écrit comme je l’ai fait ?

— Qui sait, Georges, le cœur de la femme est immense et n’êtes-vous pas doué des qualités qu’elles recherchent. Vous possédez un physique attrayant, des manières parfaites,