Page:Bibaud jeune - L'Honorable L.A. Dessaules et le système judiciaire des États-pontificaux, 1862.djvu/31

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parce que c’est le peuple lui-même qui fait la loi, et qu’ainsi il n’a pas besoin de se faire connaître sa loi ? Ainsi ce sont les Canadiens qui s’imposent une loi coercitive d’éducation ! Il est bien vrai qu’on a vu des paroisses s’insurger contre cette loi, mais il faut croire apparemment qu’elles s’insurgeaient des pieds et des mains, mais que les cerveaux consentaient, puisque ainsi le veut la constitution anglaise ! Quand un citoyen est poursuivi pour cotisations municipales, c’est lui-même qui se poursuit, puisque la poursuite est intentée par le maire, les échevins et les citoyens. À la veille des élections, on voit des centaines de citoyens qui ne veulent, qui ne peuvent pas payer, s’intenter ainsi des poursuites à eux-mêmes pour être contraints de payer ! Dieu ! que c’est beau, que c’est beau cette constitution anglaise ! Vous fait-elle un peu mentir le bon sens et le droit romain quand ils disent : ubi non potest cadere veritas, ibi non cadit fictio.

Encore une fois, vous ne voulez point que le cardinal Altieri puisse se contrôler lui-même, et vous prétendez, vous, cumuler les qualités de demandeur et de défendeur ! car vous dites, dans votre feuille de jeudi, que vous ne serez pas si sot que de communiquer d’avance à la Minerve les moyens de défense que vous aurez devant les tribunaux. Eh ! vous n’aurez point à vous défendre, puisque vous poursuivez : vous êtes actor. Et souvenez-vous que, selon le droit romain et le droit pontifical au moins, melior est conditio rei quam actoris.

Le bon sens et le droit romain disent : nemo in propria causa judicat. Les municipalités jugent pourtant dans leur propre cause. Vous me direz : les citoyens doivent être contents des sentences, puisqu’ils se jugent eux-mêmes. Et comment se fait-il alors que les gens de Québec soient toujours aux prises avec leur municipalités ? J’y perds mon latin.

Vous avez cité des passages du Courrier du Canada et du Canadien, en nous disant que, si vous aviez vous-même reproduit du tels extraits, ou vous aurait traité de voltairien. (vous avez donc bien honte de M. de Voltaire !) Ce n’est point là pour moi ce qui ressort de plus saillant de cette circonstance : j’en conclus que la rédaction de ces feuilles n’avait point, comme vous,