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découvrir la cause. Cette dernière version doit être la vraie, d’après le témoignage des meilleures chroniques et l’opinion de Guillaume Baldrich lui-même. Il prit à cet égard des renseignements précis, ainsi que nous l’apprend cette partie de sa lettre.

Philippe le Bel, raconte-t-il, tomba malade[1] le 4 novembre, tandis qu’il chassait en forêt près de Pont-Saint-Maxence[2]. Il fut envahi par le mal d’une manière si soudaine qu’il en perdit l’usage de la parole pendant un temps assez long. L’on disait bien, ajoute-t-il, que le souverain avait fait une chute de cheval, sans expliquer au juste de quelle façon, mais tel n’était pas l’avis de plusieurs familiers du prince qu’il avait interrogés dès le jour suivant et sur les lieux mêmes. Ceux-ci déclarèrent que le roi n’était pas tombé, mais avait éprouvé un saisissement subit, avec impossibilité de prononcer une parole.

Après cet événement, Philippe se fit conduire par eau à Poissy[3] et y resta une dizaine de jours. De cette localité, il se rendit à cheval jusqu’à Essonne[4], d’où il fut porté en litière à Fontainebleau. C’est là qu’il mourut le 29 novembre, dans la ville même qui lui avait donné le jour.

Suit une allusion de Guillaume Baldrich à l’envoi fait par lui récemment au roi de Majorque et à Pons de Caramany du traité d’un certain maître Martin[5]. Ce personnage y avait prédit

    celui de Girard de Frachet (Histor. de Fr., t. XXI, p. 42). le moine Yves, qui donne beaucoup de détails sur les symptômes de la maladie (Id., ibid., p. 206). — Jean de Saint-Victor ne marque pas l’origine de celle-ci (Id., ibid., p. 659).

  1. Le moine Yves indique également cette date (loc. cit.) ; les Chronographia parlent inexactement des environs de la fête de Saint-Michel (Éd. citée, t. I, p. 218).
  2. Oise, arr. de Senlis, chef-lieu de canton. Cette ville, située sur l’Oise, n’est pas signalée par les chroniqueurs. Elle se trouve tout à côté de la forêt de Halatte, qui doit être celle à laquelle notre relation fait allusion. Geffroi de Paris parle d’une forêt renommée, qu’il ne cite pas, près de Senlis (Histor. de Fr., t. XXII, p. 151). — D’après Jean Desnouelles (Id., t. XXI, p. 196), la forêt aurait été celle de Bière (Fontainebleau). Les Anciennes Chroniques de Flandre (Id., t. XXII, p. 401) disent que l’accident survint à Corbeil. Il en est de même des Chronographia (Éd. citée, t. I, p. 218). La version de Geffroi de Paris, quant au lieu, concorde absolument avec celle de notre auteur et est évidemment la vraie.
  3. Geffroi de Paris donne le même détail (Histor. de Fr., t. XXII, p. 151).
  4. Petite ville tout près de Corbeil.
  5. Nous devons à l’amabilité de M. Omont l’indication d’un recueil sur les astrologues composé par Simon de Phares (Bibl. nat., f. fr., no  1357). Il y est ques-