Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1900 - tome 61.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

faire rendre à la maison de Condé la jouissance de droits dont elle était depuis longtemps frustrée ; un gros procès, concernant, croyons-nous, une question de droits d’usage, fut gagné par le prince à l’aide de chartes de la fin du moyen âge, fait assez peu commun aujourd’hui en France. Mais il n’est pas exact que Flammermont ait classé les archives de Chantilly. Tout au moins il n’accomplit pas jusqu’au bout cette tâche fort compliquée, qui exigera encore bien des années de travail. Sans cesser d’entretenir les relations les plus affectueuses avec son illustre protecteur, il préféra une carrière plus indépendante. Bravement, il se remit à étudier le grec et le latin et passa à trente ans les examens de la licence (20 octobre 1882).

On manquait alors de maîtres pour l’enseignement supérieur qui se créait dans les Facultés provinciales ; on songeait à lui et on le lui fit savoir ; en dix-huit mois il écrivit et imprima ses thèses et fut reçu docteur ès lettres (20 février 1884). Il commençait en même temps les voyages d’exploration qu’il a poursuivis toute sa vie, à travers les archives de l’Europe ; il connaissait à fond la langue et les mœurs universitaires de l’Allemagne. Il avait donc toutes les qualités scientifiques requises pour aborder utilement la carrière où ses maîtres le poussaient. Il fut nommé chargé de cours d’histoire à la Faculté des lettres de Poitiers dès le 14 juin 1884. Deux ans après, il fut désigné pour remplir les mêmes fonctions à celle de Douai, qui avait un peu plus de vie. Il eut la satisfaction de contribuer au transfert des Facultés de droit et des lettres de Douai à Lille[1], et c’est dans cette dernière ville, pourvue maintenant d’une Université complète et prospère, qu’il a terminé ses jours comme professeur titulaire d’histoire[2].

  1. La Concentration des Facultés : la question de Douai-Lille devant les comités catholiques en 1873-1874. Lille, Verly-Dubar, 1887. Cet opuscule, écrit au lendemain du vote du Conseil supérieur de l’Instruction publique, avait pour but d’empêcher l’opposition politique qu’on craignait de la part de certains députés de la région. Il se compose surtout de citations empruntées au Bulletin de la commission formée pour la création d’une université catholique dans le nord de la France (1874). Les arguments en faveur de Lille, qui triomphèrent auprès de cette commission, avaient été présentés avec beaucoup d’intelligence et de force par le chanoine Van Drival, M. le chanoine Hautcœur et l’abbé Dehaisnes.
  2. Il avait été nommé professeur d’histoire et de géographie de l’antiquité et du moyen âge par décret du 10 février 1887, et cette chaire avait été transformée en chaire d’histoire par décret du 5 août 1893.