Bien que Flammermont soit mort dans la force de l’âge et que nous ne possédions rien de la plupart de ses derniers travaux, restés manuscrits et condamnés par lui-même à être brûlés, il laisse une œuvre considérable, dépourvue peut-être de la saveur et de la force suggestive des livres longuement mûris, solide néanmoins et remarquable par sa variété. Il est peu d’érudits de sa génération qui puissent se vanter d’avoir creusé des sillons aussi profonds, à la fois dans le champ de l’histoire médiévale et dans celui de l’histoire moderne.
Le résumé que nous avons présenté de sa carrière fait pressentir que le moyen âge l’a surtout occupé au début de sa vie scientifique. Il s’est d’abord adonné à l’histoire de Senlis et des environs, et ces premiers travaux[1] ont abouti à la publication d’une excellente monographie municipale, d’autant plus utile qu’elle a été poussée jusqu’au règne de Henri IV[2].
Accordons aussi une mention particulière à un mémoire sur la Jacquerie en Beauvaisis[3], qui rectifie et complète la célèbre thèse de doctorat de Siméon Luce. Flammermont paraît avoir démontré que la Jacquerie n’a point commencé le 21 mai 1358 dans les environs de Compiègne, mais le 28 à Saint-Leu d’Esserens, et qu’elle a éclaté simplement à l’occasion d’une rixe entre les paysans et les nobles brigands dont la campagne était infestée.
Alors même que Flammermont avait orienté ses travaux vers l’histoire moderne, il consacrait encore sa thèse latine à l’Aide au XIIIe siècle[4]. À Lille, il fit pendant une dizaine d’années un cours d’histoire locale depuis les origines ; ce cours, grâce aux soins d’auditeurs attentifs, a donné naissance à deux petits
- ↑ Étymologie de Senlis, dans Comptes-rendus et Mémoires du Comité archéologique de Senlis, 2e série, t. II, année 1876. Senlis, 1877. — Sur la date du soulèvement des Jacques et de l’attaque de la ville de Senlis par les nobles. Ibid. — Recherches sur la date de l’enceinte de Senlis, dite la Cité. Ibid. — Recherches sur les sources de l’histoire de l’abbaye de Chaalis. Ibid. — Essai sur l’histoire de Senlis au moyen âge (Positions de thèses… de l’Éc. des chartes, 1878). — Histoire de Senlis pendant la seconde partie de la guerre de Cent ans (1405-1441), dans Mémoires de la Société d’histoire de Paris, t. V (1879).
- ↑ Histoire des institutions municipales de Senlis. Paris, Vieweg, 1881 (Bibl. de l’Éc. des hautes études). Ouvrage couronné par l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
- ↑ Rev. hist., t. IX (1879).
- ↑ De concessu legis et auxilii tertio decima sæculo. Paris, Picard, 1883.