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des dix médaillons (cinq de chaque côté), sur lesquels un émailleur avait représenté Apollon et les Muses ; ces médaillons ont subi d’assez graves détériorations ; mais les sujets que l’artiste avait traités sont encore parfaitement reconnaissables, et une partie des légendes se lit très distinctement : THALIA, TERPE…, POLY…, VRA…, CALLI…, ERA…

Malgré l’habileté avec laquelle des fleurs de lis ont été ajoutées sur la couverture et sur la première page du texte, toutes les marques qui rappelaient le nom du premier propriétaire n’ont pas disparu. L’examen des accessoires du tableau de la tempête par lequel s’ouvre le volume (fol. 1 vo réveille inévitablement dans l’esprit le souvenir des Médicis. C’est en l’honneur de Laurent le Magnifique que le peintre a mis au milieu de la bande inférieure de la bordure un grand anneau d’or, avec un gros diamant, pour servir de cadre à une petite miniature représentant Pétrarque assis au pied d’un laurier. Il faut aussi considérer comme un emblème de la famille des Médicis les médaillons placés aux quatre coins de l’encadrement, en travers desquels une tige verte, chargée de feuilles et de fleurs, porte la devise LE TENS REVIEN…

Dans le volume dont nous nous occupons, l’élégance et la parfaite régularité de l’écriture ne doivent pas être moins admirées que la finesse des peintures. Nous avons vu qu’on en doit faire honneur à la plume d’Antonio Sinibaldi, le Jarry italien du xve siècle. Sans parler des œuvres de cet illustre calligraphe qui sont conservées à l’étranger[1], je crois pouvoir signaler ici plusieurs volumes de lui que nous sommes fiers d’avoir recueillis dans nos bibliothèques de France. Ils sont au nombre de cinq :

I. Le manuscrit de Pétrarque, qui fait l’objet du présent travail.

II. Le manuscrit latin 16839 de la Bibliothèque nationale : Commentaire de saint Jérôme sur les psaumes. Ce volume, copié pour Mathias Corvin, se termine par une souscription ainsi conçue : « Antonius Sinibaldus Florentinus, quondam regis Ferdinandi regis Sicilie scriptor et librarius, exscripsit Florentiæ, anno Domini M. CCCC. LXXXVIII, ultimo mensis februarii, pro serenissimo Mathia, rege Ungharie, virtutum cultore ac alumno. »

  1. L’indication de celles qui sont venues à ma connaissance se trouvera à la fin de cette note.