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Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1906 - tome 67.djvu/13

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taines questions, si pauvre à d’autres titres, ne contient guère qu’une soixantaine de lettres closes pour la longue période comprise entre le règne de Philippe-Auguste et les premières années de Philippe de Valois. La plupart de ces documents n’intéressent que l’administration d’Alphonse de Poitiers ou la politique de Philippe le Bel ; encore n’y trouve-t-on aucun groupement qui permette de suivre une affaire ; ceux d’entre eux qui sont relatifs à une même question présentent, en général, un médiocre intérêt en ce qui concerne le gouvernement de la France et ses relations avec les pays étrangers[1]. La même observation s’applique à la plupart des lettres missives conservées à la Bibliothèque nationale ; il est vrai que là, en plus d’un cas, la qualité des documents isolés en compense la rareté. Tous ceux qui ont étudié le règne de saint Louis se rappellent la grande lettre adressée, en 1241, à Blanche de Castille par un bourgeois de la Rochelle pour lui dénoncer les menées d’Hugues de Lusignan, comte de la Marche, de sa femme Isabelle d’Angoulême, veuve de Jean Sans-Terre, et des barons poitevins[2]. M. Léopold Delisle, qui a découvert et publié ce remarquable document, ne s’est pas borné à le pourvoir de toutes les annotations qu’il comportait ; après en avoir mis en lumière la haute valeur, il a profité de l’occasion qui s’offrait à lui pour décrire, d’après leurs caractères extérieurs, les lettres missives que le xiiie siècle français nous a laissées ; ce mémoire est encore aujourd’hui l’autorité à laquelle il convient de recourir pour l’identification et le classement des lettres closes.

Parmi les procédés le plus souvent employés pour fermer, sceller et adresser les lettres closes, M. Delisle a signalé celui qui consiste à employer la queue de parchemin, détachée de l’acte à sa partie inférieure et qui lui reste adhérente par son extrémité de gauche. Après avoir replié la pièce sur elle-même, on y pratique une incision qui l’entame dans toutes ses épaisseurs et par laquelle on fait passer cette bande de parchemin ; le cachet est apposé au-dessus de l’incision et maintient l’attache, sur laquelle est écrite l’adresse. Pour ouvrir la lettre, il faut faire sauter le cachet ou arracher la bande ; dans la plupart des cas,

  1. J’espère consacrer prochainement, dans cette revue, une courte étude de diplomatique aux lettres closes que renferme le Trésor des chartes.
  2. Bibliothèque de l’École des chartes, 1856, p. 513 : Mémoire sur une lettre inédite adressée à la reine Blanche par un habitant de la Rochelle.