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Dans quelques-uns de ses livres de vulgarisation Mosso est revenu sur cette question des rapports entre la fatigue psychique et le travail d’un doigt à l’ergographe ; par suite de l’importance très grande de la question, nous transcrivons ici ces observations nouvelles.

Ces observations sont intéressantes puisqu’elles montrent qu’il peut y avoir des différences individuelles ; de plus, pour un même individu la réaction peut être différente suivant les circonstances. Nous citons textuellement les paroles de Mosso[1] :

« Des expériences que j’ai faites sur la fatigue il résulte qu’il n’en existe qu’une seule espèce : la fatigue nerveuse. C’est du moins là le phénomène prépondérant, et la fatigue des muscles n’est au fond qu’un phénomène d’épuisement nerveux.

« La complication des phénomènes réside surtout en ce que ceux-ci sont sentis différemment par les divers individus. J’ai pu me convaincre, en étudiant la force musculaire chez plusieurs de mes collègues quand ils venaient de faire une leçon, quelle grande différence on constate d’un sujet à l’autre. Chez le professeur Aducco, le cours qu’il vient de faire a pour résultat d’amener une excitation nerveuse qui augmente sa force musculaire. J’ai constaté plusieurs fois ce fait lorsqu’il me suppléait à l’Université.

« Chez le professeur Aducco une excitation telle que celle qu’entraîne un discours solennel ou une leçon augmente la force musculaire ; mais la fatigue intellectuelle et les émotions prolongées diminuent au contraire la force des muscles, et finalement, à une surexcitation de la force nerveuse succède les jours suivants une dépression de cette force. »

Une seconde observation est celle sur le Dr Maggiora, le même qui a donné les courbes précédentes après avoir fait passer des examens. Les deux courbes suivantes ont

  1. Mosso. La fatigue intellectuelle et physique, p. 136.