Page:Binet - Henri - La fatigue intellectuelle.djvu/335

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de fatigue ; ces méthodes peuvent être employées avec profit dans des cas où on ne saura pas d’avance si les enfants sont fatigués ou non.

Parmi les différentes méthodes employées, c’est surtout celle des dictées qui doit être préférée aux autres : d’une part, les élèves sont habitués à faire des dictées, il n’y a donc pas à craindre qu’il se produise des effets d’exercice comme cela arrive pour la méthode des calculs, celle de la mémoire, et probablement aussi pour la méthode de combinaison et la sensibilité tactile ; d’autre part, il est facile de compter le nombre de fautes commises dans une dictée ; il ne se présente pas ici d’équivoque comme pour quelques-unes des autres méthodes ; enfin on peut faire une analyse psychologique des erreurs commises par les enfants et déduire de cette analyse la nature psychologique de l’effet de fatigue ; ainsi, par exemple, il est bien probable qu’après une heure de gymnastique les erreurs commises seront d’une nature différente de celles commises après une heure de mathématiques ; il y a là tout un champ d’études complètement inexploré.

La méthode des calculs est moins bonne que celle des dictées : d’une part, l’influence de l’exercice est très forte, de sorte que l’on est réduit à comparer l’augmentation du nombre d’erreurs à l’augmentation du nombre de chiffres calculés ; d’autre part, il est à craindre que les élèves ne prêtent pas également leur attention aux différentes épreuves ; comme ils ne sont pas habitués à faire des calculs aussi longs que ceux que l’on exige d’eux, il est tout naturel qu’ils fassent la première fois les calculs avec beaucoup de zèle, mais la seconde fois ce zèle doit diminuer, et les fois suivantes ce zèle est remplacé par de l’ennui ; il est possible que l’augmentation du nombre de fautes après les classes soit due non à la fatigue intellectuelle, mais à l’influence de l’ennui ; c’est une cause d’erreur difficile à éviter, qui pourtant ne se produit pas aussi fortement dans la méthode des dictées. Enfin on ne peut pas analyser la