ont écrit sur la conscience du moi et sur la conscience de la volonté ne peut guère être considéré comme représentant des observations désintéressées. Si l’on reprenait aujourd’hui ces questions — et il est bien certain qu’on les reprendra tôt ou tard, car elles ne sont pas closes, — on procéderait tout autrement. L’auteur ne se contenterait pas de la lumière de sa propre conscience, il voudrait interroger soigneusement d’autres individus aptes à s’analyser, et il emploierait la méthode d’introspection collective ou comparée, dont nous parlerons dans un moment.
Une autre cause d’erreur est à craindre dans l’introspection personnelle, c’est qu’elle reste personnelle, elle ne fait connaître qu’un type psychologique unique. L’inconvénient ne paraissait pas considérable à une époque — encore récente — où l’on considérait que tous les individus étaient construits sur un même type ; et certainement la méthode d’introspection personnelle a contribué à la propagation de cette idée fausse. Aujourd’hui l’attention a été vivement éveillée sur les variétés individuelles, sur les types psychologiques, et tout le monde sait que nous n’avons pas tous la même nature de pensée ; ce qui est vrai de l’un ne l’est pas de l’autre. L’étude de ce qu’on appelle l’imagerie mentale a clairement montré que les individus se répartissent en plusieurs groupes dont chacun pense avec des images différentes, visuelles, auditives, verbales et autres. On ne serait pas arrivé à reconnaître cette pluralité de types,