Page:Binet - Introduction à la psychologie expérimentale.djvu/93

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longueur que celle qu’il a examinée. On lui a montré par exemple un modèle de 8 centimètres on lui donne ensuite un crayon, et il essaye de mémoire, en se corrigeant autant de fois qu’il veut, de tracer une ligne égale à celle dont il se souvient.

Il est facile de comprendre que cette expression graphique d’un souvenir, quoique elle tende au même but que la méthode de reconnaissance, en diffère cependant absolument comme mécanisme. Et d’abord il y a entre les deux procédés tout l’écart qui sépare la reconnaissance d’un objet et le souvenir spontané de cet objet ; on sait que souvent on reconnaît un objet, quand on le revoit, et qu’on serait incapable de se le représenter spontanément. Dans l’expérience sur les lignes, nous ne dirons point que la reproduction par la main est plus difficile que la reconnaissance par l’œil ; on ne peut comparer des résultats auxquels manque la commune mesure. Mais on peut remarquer tout au moins que le travail mental qui consiste à faire revivre le souvenir d’une certaine longueur qu’on ne voit plus est bien différent de cet autre travail qui consiste à reconnaître une longueur égale au modèle.

Ce n’est pas la seule différence que présentent les deux méthodes, quand on les applique à la mémoire visuelle des lignes. Voici une seconde différence, qui est peut-être plus importante encore que la première. Nous avons dit que par la méthode de reconnaissance,