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ET CRITIQUE

(1552), et qui existait encore dans l’in-folio de 1584 et dans la première éd posthume, où il la prit. Cette devise est, comme l’indique Muret dans son Commentaire du 2e sonnet des Amours, empruntée à Théocrite et signifie que « des la premiere fois qu’il veit Cassandre, il devint insensé de son amour ». V. le vers 81 de la Magicienne. On trouve également au portrait de Ronsard la devise : Ut vidi, ut perii, que Virgile a prise à Théocrite (Bucol., VIII, vers 41) Le sonnet Nature ornant la dame (Bl.. I, 2) en est le développement.

À noter que cette devise grecque a été insérée en B, non pas pour venir à l’appui de cette affirmation « amoureux seulement de ce beau nom », comme on pourrait le croire par la façon dont la phrase est construite, mais à l’appui de cette affirmation avancée cinq lignes plus haut « qu’il eut seulement moyen de voir, d’aimer et de laisser à mesme instant ». Binet s’est aperçu plus tard de l’incohérence de ce passage ainsi allongé, et c’est la principale raison du remaniement qu’il en a fait en C.

P. 16, l. 3. — livres d’Odes. D’après cette ligne, conservée dans les trois rédactions, 1° Binet a pensé, non sans raison, que Ronsard avait commencé à écrire des sonnets pour Cassandre dès le printemps de 1545 ou de 1546 (selon qu’on adopte pour leur première entrevue l’une ou l’autre de ces dates). Aux réflexions que j’ai déjà faites à ce sujet (v. ci-dessus, p. 100, aux mots « brave ouvrier »), il convient d’ajouter que quelques-uns des sonnets du premier livre des Amours ne peuvent qu’être antérieurs au mariage de Cassandre, qui eut lieu en novembre 1546 ; que Ronsard affirme avoir commencé à chanter Cassandre à vingt ans passés (BL, V, 332 ; VI, 327 ; VII, 127) ; enfin que le poète dans la première préface de ses Odes, et I. M. P. dans les dernières lignes de sa Breve exposition, qui accompagne les dites Odes, semblent faire allusion à d’autres œuvres que Ronsard gardait manuscrites en 1550.

2° Binet n’a pas consulté l’édition princeps ni les éditions suivantes des Amours, où le premier livre des sonnets parut avec ce simple titre : Les Amours de P. de Ronsard. Binet a pris ce titre des Amours de Cassandre dans l’édition de 1584, où il apparut pour la première fois, ainsi que ce titre du deuxième livre des sonnets, les Amours de Marie (V. ci-après, p. 127, aux mots « de Marie »).

P. 16, l. 6. — son Olive. Sur la personnalité que cache ce pseudonyme, les opinions sont très partagées. Pour les uns (Marcassus, Colletet. Ménage, Goujet, Sainte-Beuve), c’était une demoiselle Viole, nièce d’un évêque de Paris ; pour les autres (Léon Séché, Rev. de la Renaissance de mars 1901 ; Mlle Evers, op. cit., p. 139), ce serait plutôt Marguerite de France, duchesse de Berry. Pour d’autres enfin (H. Chamard, J. du Bellay, p 177, et G. Deschamps, Rev. des Cours et Confér. de 1902), ce pseudonyme est seulement symbolique et ne cache aucune personnalité.

P. 16, l. 8. — Recueil de Poesie. C’est le titre du deuxième recueil de vers que Du Bellay publia en novembre 1549. Sa première publication poétique remonte au mois d’avril de la même année : elle comprenait l’Olive et les Vers lyriques, et parut à la suite de la Deffence et Illustra-