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COMMENTAIRE HISTORIQUE

de Ronsard dans l’éd. princeps qui parut en avril 1563. Il faut donc comprendre la phrase de Binet ainsi : « Ils firent aussi quelques réponses à ses remontrances (non pas à la Remonstrance au peuple de France mais au Discours des Miseres de ce Temps et à la Continuation du Discours ; le mot « remonstrances » ici n’est pas un titre, mais un nom commun), réponses où était ce titre, la Métamorphose de Ronsard, et dont les auteurs furent un A. Zamariel et B. de Mont-Dieu, ministres, etc. »

Quant aux vrais noms de ces ministres, les avis sont partagés. Binet croit que seul le pseudonyme B. de Mont-Dieu désigne le ministre Antoine de la Roche-Chandieu ; en quoi il se trompe certainement, car ce ministre signait d’ordinaire ses œuvres poétiques de l’autre pseudonyme, Zamariel (qui en hébreu signifie Chant de Dieu). — Bayle pense que les deux pseudonymes désignent le même personnage, la Roche-Chandieu, et son avis est aussi celui de Pierre Perdrizet (Rons. de la Réforme, p. 25). — Je me range plutôt du côté de la Monnoye et de Bernus, pour qui B. de Mont-Dieu désigne le ministre Bernard de Montmeia, non seulement parce que en hébreu la dernière syllabe de ce nom, ia, signifie Dieu, mais parce que La Roche-Chandieu n’avait pas de raison de prendre deux pseudonymes, et que d’autre part l’initiale du prénom, B, coïncide avec celui de Bernard, comme l’A de Zamariel correspond à l’initiale d’Antoine, prénom de La Roche-Chandieu.

Pour toute la polémique entre Ronsard et les huguenots, voir Viollet-le-Duc, Catal. de la Biblio. poét., p. 281 ; Pierre Perdrizet, Ronsard et la Réforme, notamment le chap. ii sur la Bibliographie de cette polémique, dont la chronologie est malheureusement à refaire ; mes Notes hist. et crit. sur les Discours de Ronsard, dans la Rev. Universit. de févr. 1903.

P. 24, l. 17. — d’Hercueil. C’est-à-dire d’avoir sacrifié un bouc à Bacchus en l’honneur de Jodelle au village d’Arcueil.

P. 24, l. 17. — ce chef d’accusation. Il est ainsi présenté dans la Responce de A. Zamariel :

Athée est qui un bouc à Bacchus sacrifie ;


et dans la 2e Response de B. de Mont-Dieu :

Celuy cognoit, Ronsard, ta profane malice
Qui sait comme tu fis d’un bouc le sacrifice
Lez Paris, dans Arcueil, accompagné de ceux
Qui, payens comme toy, lui offrirent des vœux.


C’est à ces passages que Ronsard répliqua en 25 vers dans sa Responce aux injures et calomnies... (Bl., VII, 110 et 111), et non pas, comme on pourrait, le croire d’après l’éd. de Bl., au Temple de Ronsard, que Ronsard ne connaissait pas encore. La même accusation s’y retrouve, il est vrai, ainsi que dans la Remonstrance à la Royne (également de 1563) ; mais ces pamphlets protestants sont postérieurs de quelques mois à la réplique en vers de Ronsard.

P. 24, l. 21. — Caresme prenant. La date traditionnelle de cet épisode serait le carnaval de l’année 1552, si l’on en croyait l’Hist. du théâtre