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DISCOURS DE LA VIE [3]
DE
PIERRE DE RONSARD
GENTIL-HOMME VANDOMOIS,
Par Claude Binet[1].


Pierre de Ronsard[2] est issu * d’une des nobles familles de France, de la maison des Ronsards, au païs de Vandomois, l’antiquité de laquelle est assez avoüée et remarquée des plus curieux, pour avoir tiré son origine des confins de la Hongrie, et de la Bulgarie, où le Danube voisine de plus pres le païs de Thrace, qui devoit aussi bien

  1. BC La Vie de Pierre de Ronsard, Gentil-homme Vandomois, Par Claude Binet. C ajoute À François son Fils.
  2. C présente avant ces mots l’exorde que voici :

    C’estoit une coustume observée par les anciens de representer les beaux faits et vertueuses actions des hommes illustres de leur temps *, à fin que l’exemple vivant qui avoit instruit les bonnes mœurs, ou enrichy les sciences, ne pouvant tousjours durer, ny possible se renouveller venant à faillir, peut [1604, 1617, 1623, 1630 peust | 1609 pust] aucunement revivre et servir de miroir à la posterité dans la polissure de leurs immortels escrits [1609-1630 escrits immortels]. Mais comme ces grandes vertus estoient les fruits des premiers siecles, ainsi le monde s’envieillissant, comme une terre brehaigne et lasse de porter, les semences aussi degenerant en marse * et perverse nature, il ne faut point s’estonner, puisque par l’effort de la barbarie les plus belles et rares vertus ont defailly, si on a delaissé ce tant utile labeur * : advenant ordinairement qu’au mesme temps qu’elles paroissent, elles trouvent qui les prise et honore, comme toutes choses naissent avec leur aliment naturel, et finissent aussi de mesme *. Depuis, comme une terre reposée de longue-main, nostre France ayant repris ceste premiere vigueur, et produit de nostre temps tant d’excellents et rares esprits en toutes sortes d’arts et sciences, j’ay bien voulu renouveller ceste mode et choisir un Ronsard Prince et pere de nos Poëtes *, et celuy qui a le premier donné l’air de la perfection à l’eloquence Françoise[,] pour suject, et descrire sa vie, à fin que toy * et tes semblables soyez aiguillonnez à bien faire en la profession où serez appellez sous l’esperance d’une gloire solide, genereuse [1609-1630 glorieuse] amorce des nobles esprits : car il est certain que quand on fait coustume de louër les belles actions, on est plus incité à les pratiquer et ensuivre, et au contraire lors qu’on ne fait cas de rendre loüanges à ceux qui les meritent, on fait bien peu de conte de faire choses loüables : Voila pourquoy ce discours ou meritera quelque loüange pour l’honneur de son suject, ou pour le moins quelque excuse, pour le desir que j’auray eu de restablir une bonne coustume, presque abolie et perduë *.